Au sommaire le 18 avril 2014
L'Afrique rencontre l'Amérique du Sud chez Saatchi
Peut-on imaginer expositions plus irritantes que celles orchestrées par le collectionneur britannique Charles Saatchi dans son impressionnant espace londonien ? Peut-on concevoir accrochage mois pédagogique, dénué d'explications, même sommaires, alors que l'entrée gratuite rallie un grand public ? Baptisé « Pangea », le dernier opus confirme ces manques. Jusqu'à présent, le collectionneur, qui avait pris le train de la mondialisation un peu plus tard que les autres, s'était adonné aux panoramas des scènes indienne, chinoise et moyen-orientale. Cette fois-ci, il choisit de rassembler sous une même ombrelle l'Afrique et l'Amérique du Sud, deux continents, deux océans créatifs qui chacun aurait mérité un approfondissement spécifique. Pour justifier de ce mélange, la commissaire, Gabriela Salgado, se réfère aux temps antédiluviens où les deux continents étaient réunis, avant que les mouvements de plaques tectoniques ne les éloignent. Passons l'aspect spécieux du postulat.
L'exposition en elle-même se présente comme un fourre-tout dont on peine à saisir la logique du parcours, où l'on passe sans transition d'un univers à un autre. L'entrée en matière n'augure déjà rien de bon et joue, comme souvent chez Saatchi, sur le registre du spectaculaire. Une nuée de fourmis géantes en résine a pris possession de la première salle. Pas la peine de regarder les cartels succincts pour comprendre l'origine, ne serait-ce que géographique, de l'artiste, ni son propos. Il faudra feuilleter le catalogue pour apprendre que l'artiste, le Colombien Ráfael Gomezbarros, a cherché à représenter le sort des populations déplacées. Celui-ci serait visiblement coutumier de ces invasions d'insectes. Mais sans doute ont-elles eu plus de poids et de pertinence quand les fourmis se sont emparées de la Quinta de San Pedro Alejandrino, dernière demeure de Simon Bolivar, ou du bâtiment des douanes à Barranquilla, au Nord de la Colombie. Dans un white cube, l'effet subversif s'estompe et glisse vers le mauvais film de science-fiction. Sans transition, le visiteur se heurte ensuite aux oeuvres du jeune Ivoirien Aboudia qui a dû longuement regarder Jean-Michel Basquiat. Lire la suite
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