Au sommaire le 25 septembre 2013
Pierre Huyghe et ses rhizomes au Centre Pompidou
De l'art vivant, vraiment vivant : des fourmis, un essaim d'abeilles, un chien qui gambade, des araignées de mer, des poissons argentés… Rarement une exposition au Centre Pompidou n'aura été si peu figée que celle consacrée à Pierre Huyghe. On devine l'ampleur des montagnes déplacées pour convaincre les autorités sanitaires et les commissions de tout poil. Jamais l'institution n'aura à ce point pris en compte le monde, celui des micro-organismes, des performeurs qui se mêlent à la foule, mais aussi des visiteurs eux-mêmes conviés à une fausse errance. Rarement scénographie aura été si peu autoritaire, succombant ni au display - travers des années 1990 - ni à l'hypertrophie - dérive des années 2000. Bien que désormais mythique, le film Ann Lee n'est ainsi projeté que sur un petit écran plasma, et non en majesté dans une black box. Lieu statufiant par excellence, la Galerie Sud s'est mue en organisme vivant, mieux, revivifié, comme le compost du parc de Cassel dont l'esprit contamine l'extension créée pour l'occasion. De fait, l'exercice même de la rétrospective ne fixe pas l'oeuvre de Pierre Huyghe, ne s'érige pas en célébration, mais s'appréhende comme une suite de situations, d'apparitions. « Il n'y a pas de recherche de sophistication, même s'il y a une précision extrême, confie Emma Lavigne, commissaire de l'exposition. On a choisi une pauvreté pour retourner à la substance de l'oeuvre ». Et cette substance est à gratter du côté du temps et non de l'espace. Gratter est bien le mot, puisque deux oeuvres réveillent la stratigraphie du Centre Pompidou. Par un processus de ponçage, Timekeeper exhume les fantômes d'anciennes expositions comme une coupe géologique, tandis qu'une autre abrasion fait resurgir le vert de « Tell Me » de Guy de Cointet. Une ouverture creusée dans une cimaise livre non seulement une oeuvre, mais aussi une vue sur le local technique et les coulisses de l'institution. Lire la suite
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