Encore une vacation consacrée aux Arts d'Asie ! Le filon semble inépuisable à Paris. Cette fois, c'est la maison de ventes Aguttes qui a programmé vendredi 282 lots divers aux estimations souvent très raisonnables. En fin de vente, on trouvera par exemple un ensemble de peintures sur soie du XIXe siècle, des rouleaux mais aussi une rare paire de gouaches de la même époque représentant la baie de Hongkong (est. 4 000-6 000 euros) ou encore un album de 88 estampes japonaises, en accordéon, par Ogata Gekko (1859-1920), estimé de 4 000 à 4 500 euros. Mais l'une des pièces qui risquent d'attirer le plus d'intérêt est une défense d'éléphant sculptée. Elle pèse son pesant d'ivoire : 19 kg. Un problème technique a ôté au catalogue la mention de sa date, que nous apprend l'expert de la vente, Vincent L'Herrou. Celle-ci a été sculptée il y a un siècle environ, vers 1900-1920. Selon l'expert, elle peut avoir été réalisée aussi bien pour le marché local que pour l'export. Le travail de sculpture est impressionnant, et la pièce comporte un quatrain signé « Lu Le Vieux-abandonné-à la Nature ». Si l'acquéreur souhaite exporter cette pièce vers les états-Unis ou l'Asie, il devra demander un permis CITES. La maison de ventes ne l'a pas demandé au préalable, faute de temps. « Le processus administratif est toujours long, entre 4 et 6 mois parfois », nous précise Vincent L'Herrou. Cette défense en ivoire « qui était depuis longtemps dans une collection française » est « importante par sa taille, 1,62 mètre, mais aussi pour ses sculptures sur des thèmes bouddhistes et taoïstes », commente l'expert.
Aguttes, le vendredi 19 avril, à 14 h, Drouot, 9, rue Drouot, 75009 Paris, tél. 01 47 45 55 55, www.aguttes.com
La mode à grands traits
Un Dufy pour 300 euros, c'est possible à Drouot ! La société Ader-Nordmann y convoque mardi prochain un défilé de mode à travers un ensemble de croquis et dessins (278 lots en tout). Raoul Dufy (1877-1953) ouvre la vente avec pas moins de 165 numéros. C'est en 1910 que le peintre rencontre le célèbre couturier Paul Poiret. Après des débuts dans une petite imprimerie sur tissu, la maison de soierie lyonnaise Bianchini Férier propose à l'artiste de mettre de plus importants moyens à sa disposition. Un brin déçu de s'être fait ainsi évincer, Paul Poret raconte : « j'eus la consolation d'admirer depuis (…) des brocards et des impressions de toute beauté qui compteront un jour dans l'histoire de l'art décoratif ». De fait, Poiret et Dufy ne sont pas brouillés. Il collaboreront encore entre 1916 et 1920 sur plusieurs modèles de robes. Si les études de robe pour Paul Poiret qui débutent la vacation, à l'encre et à l'aquarelle, portant souvent le timbre de l'atelier de Dufy, sont estimées de 2 000 à 3 000 euros, de plus simples croquis de projets de costumes pour « la Fête des Rois », l'une des nombreuses réceptions fastueuses données par Paul Poiret, sont attendues autour de 600-800 euros, comme ces silhouettes de gentilhomme, comédien ou mousquetaires. Des croquis publicitaires plus modestes démarrent autour de 300 euros. La vacation se poursuit avec des travaux liés à la mode de Léon Benigni (1892-1948), Raymond Savignac (1907-2002) ou le plus moderne René Gruau (1909-2004).
Ader, le mardi 23 avril à 14 h, Drouot, 9, rue Drouot, 75009 Paris,
tél. 01 53 40 77 10, www.ader.com