Questions à
Marie-Line Antonios, directrice générale de la Samaritaine
Natacha Wolinski_Pourquoi la Samaritaine s’est-elle engagée, depuis quatre ans, dans un projet de commande photographique ?
Marie-Line Antonios_Dans la continuité des grandes campagnes photographiques qui ont accompagné pendant un siècle la vie du Grand Magasin, c’est une mémoire de la Samaritaine, à la fois chronique de sa métamorphose et regards renouvelés, qui se constitue à partir de cartes blanches données à la jeune création ou à de grandes signatures.
Avec cette nouvelle exposition, visez-vous à créer un rendez-vous culturel annuel ?
Nous redevenons un acteur majeur du quartier Louvre-Samaritaine. En inscrivant la rue de Rivoli dans le prolongement des manifestations de Paris Photo et de la FIAC, nous voulons introduire une dimension artistique dans une rue essentiellement commerçante. Les 5 000 visiteurs de « Ma Samaritaine 2015 » sont la preuve qu’il existe une attente.
Quelle est la nouveauté cette année ?
Nous offrons aux Parisiens un parcours artistique le long de la rue de Rivoli avec un détour par la Maison du projet rue du Pont-Neuf où seront montrées les œuvres des vidéastes et les photos du lauréat. Cette initiative devrait sensibiliser à l’art un public qui ne pousse pas spontanément la porte d’une galerie.
Questions à Alain Fleischer,
directeur du Fresnoy - Studio national des arts contemporains
Natacha Wolinski_Comment et pourquoi est né ce partenariat entre le Fresnoy et la Samaritaine ?
Alain Fleischer_Le Fresnoy a pour ambition d’accompagner ses diplômés dans des projets, même une fois leur cursus achevé. Dans le cadre de ce suivi, l’école est ouverte à des partenariats tant publics que privés, qui permettent aux jeunes créateurs d’exercer leur art tout en répondant à des commandes.
Comment les photographes et vidéastes ont-ils été sélectionnés ?
Avec Christian Caujolle, nous avons pris le parti de choisir cinq photographes et cinq vidéastes. La sélection reposait sur la volonté de mettre en valeur la diversité des regards et des écritures pratiquées au Fresnoy, du documentaire à des formes expérimentales.
Quel regard portez-vous sur les travaux produits ?
Un regard étonné car plusieurs artistes ont, à l’occasion de ce projet, déplacé leur pratique habituelle. Mais c’est précisément ce qui fait l’intérêt de ce type de commande où les contraintes, liées au lieu comme aux conditions de prise de vues, exigent de chacun qu’il se montre particulièrement inventif.
Questions à Christian Caujolle, commissaire de l’exposition
« Ma Samaritaine 2016 »
Natacha Wolinski_Vous êtes directeur artistique de la commande photographique de la Samaritaine depuis quatre ans. Quel regard portez-vous sur cette édition 2016 ?
Christian Caujolle_Le fait d’introduire la vidéo donne cette année une dimension supplémentaire. Elle accentue le désir – ou les lignes de fracture – entre documentaire et fiction. Les travaux, la destruction, la transformation, tout cela est évidemment propice à cette tension entre le désir de se confronter au monde et celui de le prendre pour point de départ de « récits » plus littéraires.
Tous les états de l’image mobile et fixe sont présents cette année. Est-ce une édition plus expérimentale ?
Certainement. Mais, c’est lié à la formation de ces jeunes artistes, issus du Fresnoy, qui est un laboratoire et un lieu radical de l’analyse et de l’expérimentation.
Avez-vous été surpris que la plupart des artistes, cette année, se soient concentrés sur le bâtiment ?
Non, pas vraiment. Il y a eu pendant deux ans la frustration de ne pouvoir pénétrer dans la Samaritaine. Ce qui me frappe par rapport aux éditions précédentes est le fait que les artistes ne sont plus écrasés par la monumentalité du lieu. Ils sont allés vers la fragmentation extrême parfois et se sont approprié le bâtiment de manière physique, y compris en récoltant des débris.
Anaïs Boudot remporte
le Grand Prix Samaritaine
Le Grand Prix Samaritaine de la Jeune Photographie 2016 a été attribué cette année à Anaïs Boudot. Le jury, présidé par Sarah Moon et Antoine Arnault, était composé de Marie-Line Antonios, Raphaëlle Pinoncély, Guillaume Foucher, Jean-Jacques Guiony et Marin Karmitz. La lauréate s’est vue remettre un prix d’un montant de 15 000 euros. Une mention spéciale du jury a été attribuée à SMITH (Dorothée Smith) pour sa vidéo, ce qui se traduira par un nouveau travail de commande pour la Samaritaine.