Contempler les images au noir de David De Beyter, c’est entrer dans un univers vibratile où l’on perd toute notion d’échelle. Les soubassements de la Samaritaine prennent la dimension d’une caverne où l’espace devient à la fois abstrait et tangible, où les volumes s’effacent au profit d’une surface plane et accidentée. Seuls affleurent la matière ravinée et tourmentée des murs, les griffures du temps, les ecchymoses d’un lieu qui finit par ressembler à un grand corps malade. En choisissant de recourir à des films noir et blanc infrarouge pour explorer la pénombre, David De Beyter révèle les mille et une nuances du noir, à l’image de l’artiste expressionniste abstrait Ad Reinhardt dont les peintures monochromes frôlaient sans cesse l’extrême seuil au-delà duquel l’œuvre n’existe plus. À partir de quand une image naît sous nos yeux et nous devient lisible ? Cette recherche des limites constitue pour David De Beyter un moyen de mettre en éveil le regardeur et de l’entraîner dans une expérience à la fois sensorielle et méditative. l