Un bâtiment est-il la somme des éléments qui le composent ? Est-il l’addition de poutres, de rampes d’escaliers, de fenêtres et de couloirs ? Ou bien le secret de sa réussite repose-t-il plutôt dans ses vides, ses creux et ses interstices ? C’est la question que l’on se pose devant les dessins graphiques de Jannick Guillou, qui oscillent entre description topographique et pure fiction visuelle. À partir de collectes de plans originaux de la Samaritaine, l’artiste s’est amusée à recomposer soigneusement les lieux, puis elle les a épurés, ne s’appuyant non pas sur les noirs mais sur les blancs pour restructurer les espaces selon sa fantaisie, gommant des lignes de fuite trop longues, faisant surgir de nulle part des poteaux sans assises et des murs sans fondations. Au sein de ses énigmatiques compositions, les points de vue sont parfois inconciliables, les perspectives impossibles. Les architectures en volume qu’elle a imaginées semblent dès lors le fruit d’un rêve surréaliste où le monde est en flottaison, où l’invraisemblable tient désormais lieu de vérité. l