De loin, on ne perçoit que des formes colorées émergeant du noir comme des planètes égarées dans le cosmos. De près, ces formes lumineuses jouent le rôle de fenêtres, laissant transparaître un monde englouti de colonnes, d’escaliers et de mannequins oubliés. Les images à la fois sombres et irradiées de Baptiste Rabichon sont le fruit d’un drôle de mariage. Expert en manipulations et détournements, le photographe a associé la technique du photogramme à celle du tirage argentique. Les formes phosphorescentes sont en fait des fragments de l’ancienne dalle de verre de la Samaritaine que Baptiste Rabichon a ramassés, faisant par ailleurs sa cueillette d’images avec un appareil jetable. Dans la chambre noire, il a posé ces morceaux de verre sur ses tirages et, par le biais d’une sous-exposition, a obtenu ces compositions aux limites de l’abstraction, dont on ne sait si elles se forment sous nos yeux ou bien se délitent. Entre le net et le flou, le noir et la couleur, l’ombre et la phosphorescence, la Samaritaine accomplit sa mue sous nos yeux.