Est-ce de la photographie ou du dessin au trait ? Est-ce un lieu réel ou l’esquisse d’un décor de film ? Quelle Marlene va descendre, souveraine, cet escalier Art déco et quel Fred esquissera un pas de danse aérien sur les poutrelles d’acier ? Quel Fellini va s’emparer de ces esquisses et bâtir une romance dans ces espaces qui semblent nés pour enrichir l’histoire du cinéma ? La photographie, telle que la pratique Kai-chun Chiang, n’est pas un outil de description mais un instrument merveilleux qui transfigure la réalité. Les mosaïques colorées qu’il a découvertes sur le chantier de la Samaritaine lui ont inspiré cette opération de réenchantement. Quelques coups de crayon magique, une volée de couleurs, un sens de l’illusion et l’alchimie opère : des pinceaux de lumières illuminent les lieux, la Samaritaine en travaux devient un lieu de féerie, comme si Kai-chun Chiang anticipait déjà les ors et les luminescences du bâtiment qui sera bientôt rénové. Comme s’il nous offrait avant l’heure un aperçu des fastes à venir.