En occupant le même lieu que l’an dernier, l’instigatrice de Private Choice, Nadia Candet, livre sa vision d’un lieu de vie idéal pour collectionneur anonyme. Mais ici tout est à vendre, depuis les chaises, tabourets, tables, coussins, bibelots ou bijoux jusqu’aux œuvres d’art disséminées dans les salons et couloirs. Force est d’avouer que la formule fonctionne parfaitement. Comme à son habitude, Nadia Candet affirme des goûts que certains pourraient penser esthétiquement inconciliables. Si elle professe une vénération pour l’épure, elle aime tout autant se laisser séduire par des formes à la frontière entre baroque et kitsch. Par le passé, cela avait conduit à quelques accrochages tout en tension, souvent pensés comme des successions de scènes à l’atmosphère unique. Rien de telle cette année. Au contraire, une cohérence maîtrisée guide l’ensemble. Si l’ouverture se fait sur une vidéo de Marwan Moujaes (4 000 euros), la suite alterne objets de design et œuvres d’art, au point de jeter le trouble entre ce qui les sépare. Le grand salon est dominé par la présence du duo Berger & Berger. Jour électrique, néons barrant les fenêtres, côtoie une série de verres soufflés – Le second souffle (4 200 euros) – ou Kalisz Dream, ensemble de pots en terre. La pièce suivante est habitée par le design austère de l’Allemand Valentin Loellmann. Ses meubles (de 3 000 à 38 000 euros), tables, chaises, banquettes et échelles que l’on retrouve tout au long du parcours, jouent à merveille de la fusion du bois et du cuivre ou du laiton. Vaguement organiques, les pièces uniques qu’il crée dialoguent à merveille avec les lampes de Dan Yeffet (2 850 euros) ou les pièces (360 euros) imaginées par José Levy pour Saint-Louis. Et partout, des livres d’art, des petites sculptures abandonnées négligemment ou quelques vases choisis amoureusement (Binôme, 180 euros). Tout le mérite de Private Choice réside là, dans cette longue quête qui voit Nadia Candet arpenter les galeries, les foires, refusant les noms trop évidents au profit d’artistes moins stars, identifiant et empruntant une œuvre qu’elle estime devoir partager avec tous. Cette quête l’entraîne parfois à s’enthousiasmer pour un jeune artiste, au point de le suivre et d’aider à la production de son œuvre, comme c’est le cas avec Nils Guadagnin qui présente ici de magnifiques variations humoristiques sur les shaped canvas de Stella, mais cette fois réalisées à l’or fin (3 500 euros). Autre nouveauté, la présence d’objets de décorateurs ou designers des années 1950 comme Christian Adam, Marcel Gascoin ou Jacques Adnet, et une rare paire de fauteuils (9 500 euros). Quant à la salle à manger et à la chambre, tout en raffinement, elles présentent entre autres les toiles Sérgio Sister (de 4 600 à 7 600 euros), les étranges fleurs sur plaque de cuivre de Roman Moriceau (2 700 euros), les coupes de fruits et de médicaments de Jeanne Susplugas (1 800 à 8 000 euros) ou le tableau perforé en cuivre de Sophie Whettnall (3 200 euros). Mais la magie de cette manifestation select, c’est aussi la qualité de l’accueil. À chacun de se laisser porter par la quiétude des lieux.
PRIVATE CHOICE, jusqu’au 25 octobre, quartier Franklin Roosevelt, 75008 Paris, en prenant rendez-vous sur www.privatechoice.fr ou au 06 60 23 47 22.