Y a-t-il quelque chose de commun entre l’ego trip d’un rappeur et les manuels d’auto-coaching ? D’une certaine façon, les deux engagent une stratégie d’empowerment, mot anglais qui désigne notre capacité à renforcer un pouvoir d’agir, à acquérir des outils pour faire des choix et à défaire les effets d’une condition socio-économique intériorisée. Mais toute l’ambiguïté est là : dans le contexte français, l’empowerment reste parfois associé à une vision individualiste, néolibérale et issue du management, plutôt qu’à la définition émancipatrice employée depuis quelques années par la sociologue Marie-Hélène Bacqué, cherchant à transformer les rapports de pouvoir. Ce paradoxe est d’ailleurs bien visible dans la figure du rappeur, à la fois porte-parole politique d’un quartier et emblème de la réussite bling-bling sponsorisée. L’artiste Gabriel Méo assume cette ambiguïté, ne regardant pas cette réalité de haut mais de l’intérieur. Dans son univers, un t-shirt…
Gabriel Méo : Cheval de Troie décapotable
Agent infiltré dans l’art, Gabriel Méo, qui a participé au Salon de Montrouge en 2014, pose les cartes sur table de son entreprise de dégradation des images fond d’écran et de la cosmétique fitness, mais aussi du sabotage des mythes de l’authenticité artisanale. Ses peintures et céramiques sont perverties par un mauvais genre : le pouvoir de la contrefaçon et le vol à l’arraché des totems 2.0. Il expose dans « From trans-human to south perspectives » à la galerie Rowing à Londres.