J’avais été frappé, en lisant la trilogie que l’historienne Anne Martin-Fugier a consacrée il y a quelques années aux galeristes, collectionneurs et artistes français de notre temps, par les vifs reproches formulés par certains artistes à l’encontre du dogmatisme anti-peinture des institutions et des critiques français. Ainsi François Rouan, affirmant que « la caractéristique de l’élégance française qu’est le post-duchampisme est le mépris de la peinture, un mépris terrible », ou Claude Viallat énonçant que « dans les années 1980, le conceptuel a pris le pouvoir […], on n’enseignait quasiment plus la peinture ni le dessin, la photographie et la vidéo avaient tout remplacé ».
Les institutions françaises auraient donc tourné le dos à cette forme classique qu’est la peinture, pour privilégier des modes d’expression plus conceptuels, et des supports comme la photo, la vidéo, l’installation. Ce discours, on le retrouve aussi régulièrement dans la bouche de collectionneurs et de galeristes français. Est-il fondé ou relève-t-il de l’exagération voire du fantasme ? La réponse est plus complexe qu’il y paraît, et on se bornera ici à essayer d’apporter quelques données utiles au débat.
Tout d’abord, une évidence. Les techniques, les modes de production, les sources d’inspiration et les…