La ministre israélienne de la Culture et des Sports, Miri Regev, a présenté hier un projet de loi controversé devant la commission parlementaire de l’Éducation. Elle vise à couper les subventions des institutions culturelles qui « nient l’existence de l’État d’Israël comme État juif et démocratique, qui incitent au racisme, à la violence, au terrorisme, qui soutiennent la lutte armée ou des actes terroristes d’un État ennemi ou d’une organisation terroriste, qui présentent la fête de l’indépendance d’Israël comme un jour de deuil, qui déshonorent le drapeau national ou d’autres symboles de l’État ». Ainsi, la ministre aurait pouvoir de décider si les créations théâtrales et cinématographiques rentrent dans les critères d’attribution de subventions et si elles sont « loyales » envers l’État d’Israël. Ce projet vient durcir une loi déjà en vigueur, qui jusque-là relevait du ministère des Finances. Miri Regev, porte-voix de la tendance dure du Likoud, le parti du Premier ministre Benyamin Nétanyahou, a estimé que ces critères n’étaient pas appliqués avec rigueur. « En tant que ministre de la Culture, je ne me contenterai pas d’être un distributeur de billets », a-t-elle déclaré. Elle s’est aussi défendue de vouloir exercer « une censure et mettre en cause la liberté d’expression. Les institutions culturelles qui se livrent à des menées subversives contre l’État d’Israël ne recevront rien, un point c’est tout », a-t-elle dit. Les députés de l’opposition, ainsi que de nombreux artistes et commentateurs ont dénoncé ce projet qui « relève d’un patriotisme idiot », selon le député Ilan Gilaon, du Meretz, un parti de gauche. Un parlementaire de l’Union Sioniste Zoher Bahloul a critiqué cette « menace à la liberté indispensable à l’existence de toute culture ».