On les appelle les dormants. Los Durmientes. Ceux qui sont partis dans un infini sommeil. Mais les dormants, ainsi nomme-t-on aussi, en espagnol, les traverses de chemin de fer. Ces lests terribles que les bourreaux de Pinochet accrochaient aux corps de leurs victimes, avant de les lancer, depuis un hélicoptère, dans l'oubli perpétuel de la mer. Los Durmientes, ainsi s'intitule le dernier film d'Enrique Ramirez, jeune artiste chilien venu étudier en France. Un triptyque déchirant en hommage aux milliers de disparus de la dictature qui mit fin au rêve de Salvador Allende. « Au Chili, cette histoire n'est pas vraiment taboue, mais elle est sans réponse, analyse Enrique Ramirez, qui vit…