« Pour déchiffrer les images, il faut prendre en compte leur caractère magique. Aussi est-il erroné de voir en elles des “événements gelés”. Bien plutôt remplacent-elles les événements par des états de choses, qu’elles traduisent en scènes. »
- Vilém Flusser, Pour une philosophie de la photographie
Au commencement était l’image. Les grands classiques de l’histoire de l’art occidentale au format cartes postales, logés dans une large boîte, attisent, chez l’artiste, un insatiable besoin de les faire défiler. Son regard d’enfant se gorge d’une culture visuelle qui se construit d’abord hors des sentiers battus. De l’antiquité à nos jours, d’aujourd’hui à hier... Peu importe. Ses yeux d’enfant absorbent. Et c’est par ces reproductions, qu’elle entre dans les arts.
Cette fascination se poursuit à l’École du Louvre, « l’école du regard ». Dans cette formation où les dates et les chronologies doivent être sues impeccablement, Hélène Langlois y développe un goût paradoxal pour les anachronismes et les ponts temporels. Mais arrive un point où l’observation ne suffit plus et doit être prolongée par le geste. Vient alors le retour aux sources, au Mans ; et son École des beaux-arts. Sur ses bancs, c’est le langage que l’artiste interroge d’abord. Les mots, désormais réflexion des images.
One and Three Chairs (1965) de Joseph Kosuth nourrit ses recherches et réflexions. Elle sonde l’écriture, le signifiant et le signifié, la tangibilité du verbe. Comment se matérialise-t-il ? À tâtons, sur la vitre d’un miroir, à travers la buée et le reflet ; elle s’évertue à capturer le souffle dans sa ténuité. L’artiste, en alchimiste de l’invisible, a déjà pris pour terrain de jeu une temporalité intercalaire. Cette même temporalité de l’interstice que Walter Benjamin…