Occupée par un collectif de mineurs isolés, la Gaîté Lyrique ferme ses portes

Jeudi 19 décembre, 11 heures du matin. Derrière les lourdes portes de la Gaîté Lyrique, dans le 3^e arrondissement de Paris, le calme règne. Une immense banderole, accrochée au premier étage, dévoile le message suivant : « Des places, il y en a pour loger tous les MNA. » MNA, comme mineurs non accompagnés. Depuis le 10 décembre, plus de 200 mineurs du collectif des Jeunes du parc de Belleville ont trouvé refuge dans le lieu culturel afin d'alerter l'opinion publique, la mairie de Paris, ainsi que la préfecture sur leur situation. « Notre objectif est de rendre visibles nos difficultés, explique l'un d'eux. On est à la rue, on n'a pas d'endroit fixe où dormir, pas de quoi manger. Chaque matin la police vient nous déloger et on n'a pas le droit d'aller à l'école. » Créé en septembre 2023, le collectif milite pour le respect de la présomption de minorité et l'égalité des droits de toutes et tous. Il a mené plusieurs actions d'occupation de lieux culturels à Paris comme la Maison des Métallos, d'avril à juillet 2024, qui avait abouti à l'hébergement, par la mairie de Paris, des 230 mineurs isolés. Comme la majorité des membres du collectif, le jeune homme qui témoigne n'a pas obtenu de reconnaissance de sa minorité par la Ville de Paris et ne peut être pris en charge par l'aide sociale à l'enfance (ASE). Au sujet de l'occupation de la Gaîté Lyrique, il explique que l'objectif n'est « pas de détruire ou malmener ce lieu ». Et de continuer : « Aucune solution ne nous est proposée pour le moment. On n'a pas envie d'être ici, on a besoin de l'être. » De son côté, la Gaîté Lyrique a confirmé le 17 décembre sa fermeture et la suspension de sa programmation jusqu'à nouvel ordre. « La situation ne permet plus d'accueillir le public dans les meilleures conditions, rapporte un communiqué. La Gaîté Lyrique regrette le caractère subi et soudain de cette occupation, mais rappelle le caractère légitime de la revendication du collectif visant à obtenir un toit pour ces 250 personnes. » L'établissement culturel de la Ville de Paris demande qu'un dialogue soit établi rapidement entre les services municipaux et ceux de l'État, afin qu'émergent des propositions concrètes de relogement. Dans Le Figaro, la mairie de Paris assure « être en discussion, notamment avec la Région Île-de-France, pour trouver un endroit pouvant accueillir ces migrants ». Contacté, l'Hôtel de Ville n'a pas répondu à notre demande d'entretien.