Pas de Carthage sans Salammbô, et inversement. Quel site antique est aussi intimement lié à un fantasme littéraire, au point que celui-ci fut une source pour les archéologues ? Flaubert avait pourtant prévenu : « J’ai voulu fixer un mirage ». En donnant l’ordre symbolique qu’aucune illustration ne devrait être faite de son texte. Non tenu évidemment : il n’y a qu’à voir les bandes dessinées de Philippe Druillet ou les beaux collages de Yesmine Ben Khelil. Mirage éblouissant dans la salle des trésors archéologiques puniques du musée du Bardo judicieusement intégrée au parcours de l’exposition dédiée à Salammbô. Ici une cuirasse en bronze dorée ornée d’une Minerve casquée datant du 3e siècle av. J.-C., là le dieu Baal Hammon trônant et les stèles et statues de divinités exhumées des tophets. L’exposition a déjà été montrée au musée des Beaux-Arts de Rouen, patrie de Flaubert (23 avril-19 septembre 2021) puis au Mucem (20 octobre 2021-7 février 2022) mais ce dernier opus revêt un caractère plus émouvant, plus archéologique aussi, à quelques encablures de l’ancienne Carthage. Depuis les fantasmes de l’époque coloniale et les visions de l’écrivain, les fouilles se poursuivent et c’est aussi au cœur de cette histoire que s’écrit la coopération culturelle entre la France et la Tunisie en particulier à travers le dynamisme de l’Institut français de Tunis, partenaire de l’exposition, allié ici à l’Institut national du patrimoine de Tunisie et aux deux musées français ayant accueilli l’exposition.
« Salammbô. De Flaubert à Carthage », au musée du Bardo (Tunis), jusqu’au 12 janvier 2025.
bardomuseum.tn