« Nous avons fait le constat d'un isolement de la scène artistique tunisienne qui est pourtant en pleine effervescence, affirme la curatrice Camille Lévy Sarfati. Notamment en raison des politiques frontalières de plus en plus sévères imposées par les pays européens, mais aussi de la complexité des mobilités aériennes sur le continent africain. » Le 14 septembre à Tunis, ils et elles étaient sept artistes, curateurs et producteurs avec Aziza Gorgi, Hana Barhoumi, Ismaïl Bahri, Nour Amrani, Sarah Ben Hafsia et Youssef Chebbi) à lancer le collecif Nessij (« toile » en arabe). L'idée : lier artistes, curateurs et chercheurs tunisiens avec des lieux de résidence, institutions et galeries à l’étranger (comme prochainement la Cité internationale des arts à Paris, la fondation MAM à Grand Suza, au Cameroun, ou encore Think Tanger, au Maroc), mais aussi être une plateforme d’accueil des travailleurs de l’art étrangers en Tunisie. Intermédiaire entre acteurs et structures de la culture, Nessij souhaite ainsi procéder à un « décentrement », souligne Camille Lévy Sarfati, et « participer au réseau existant en Tunisie », citant notamment des initiatives comme L'Art Rue. Financé par du mécénat privé, provenant essentiellement de financeurs tunisiens s'associant chacun à un projet particulier, Nessij, aujourd'hui centré sur les arts visuels et le cinéma, souhaite étendre son champ d'action dans les années à venir au spectacle vivant, à la littérature et la musique.