La révolte gronde sous les arcades de la place Saint-Pierre, au Vatican. Comme le révélait le 12 mai le quotidien italien Corriere della Sera, le président du Gouvernorat du micro-État a reçu la semaine dernière une lettre signée de l’avocate Laura Sgro. Quarante-neuf employés des musées du Vatican (dont des gardiens, un restaurateur, un employé de librairie, mais aussi des personnels de la gendarmerie et de la pharmacie) y menacent de traduire en justice le Saint-Siège. En cause ? Leurs conditions de travail jugées « déshumanisantes ». Les employés réclament notamment de meilleurs dispositifs en termes de sécurité sociale et de rémunération. Ceux-ci ne sont, par exemple, pas autorisés à quitter leur domicile pour se rendre à une visite médicale lorsqu’ils sont malades, leurs heures supplémentaires sont rémunérées à un taux inférieur au taux horaire légal, ils ont été contraints de rembourser une partie du salaire qui leur a été versé durant le Covid-19 et ils ne disposent pas de « l'indemnité de risque sanitaire, biologique et physique » qui devrait leur revenir de droit, étant en contact avec le public. En outre, les salariés déplorent les conditions d’exercice de leurs fonctions : avec une moyenne de 25 000 à 30 000 visiteurs par jour – soit plus de 5 millions de visiteurs par an, ce qui fait du Vatican le deuxième ensemble muséal le plus visité au monde après le Louvre –, la jauge de sécurité des 24 000 visiteurs quotidiens est fréquemment dépassée. De plus, il semblerait que les sorties de secours ne soient pas opérationnelles, les protocoles de détection de métaux pas correctement appliqués, les gendarmes en sous-effectifs, et que l’absence de climatisation dans les salles des musées génère de nombreux malaises chez les visiteurs et mette en péril la conservation des œuvres. Autant de problématiques qui poussent aujourd’hui les salariés à menacer leur employeur de lancer la toute première action collective au Vatican, où les syndicats sont historiquement interdits. Le Saint-Siège dispose désormais d’un mois pour recourir à une conciliation, échéance au-delà de laquelle l’affaire sera présentée devant les tribunaux.