Le Quotidien de l'Art

Le cadre : un objet d’art à part entière

Le cadre : un objet d’art à part entière
L’atelier d’encadrement et dorure du musée du Louvre.
© 2010 musée du Louvre / Antoine Mongodin.

Loin d’être un simple accessoire, le cadre occupe une place prépondérante dans notre rapport à l’œuvre. Si sa qualité patrimoniale ne semble plus poser question aujourd’hui, qu’impose-t-il au spectateur et comment les artistes s’en emparent-ils ? Analyse.

En déambulant dans l’aile Sully, au Louvre, on ne tombe pas seulement sur le Pierrot d’Antoine Watteau ou le Tricheur à l’as de carreau de Georges de La Tour. Il se peut qu’on se retrouve dans une pièce vidée de ses tableaux : en salle 906, les œuvres ont disparu. Aux murs ne restent plus que leurs cadres. « Le cadre est un objet qu’on a tendance à oublier, à ne plus voir. Il est pourtant essentiel dans la perception que nous avons d’une œuvre », affirme Charlotte Chastel-Rousseau, conservatrice au département des peintures. Depuis 2018, le musée parisien consacre un petit espace à l’accrochage de cadres vides pour « montrer qu’ils sont des œuvres d’art en soi », continue la responsable de cette collection particulière. Pensée pour être temporaire, l’exposition « Regard sur les cadres » s’est finalement ancrée dans le temps et participe désormais de l’histoire du Louvre et de ses collections.

Depuis une quarantaine d’années, des institutions européennes, comme le Rijksmuseum en 1984 avec l’exposition « Éloge du cadre », la National Gallery de Londres en 2015 avec « Frames in focus: Sansovino Frames » ou encore le musée des Beaux-Arts de Rouen et « Histoires de cadres » en 2017, inscrivent les réflexions sur cet objet dans une perspective historiographique. Des chercheurs ont ouvert la voie à la redécouverte du cadre comme objet patrimonial : Isabelle Cahn – qui a soutenu une thèse sur les cadres de peintres à la fin des années 1980 –, Jacob Simmons, Nicholas Penny et Lynn Roberts. On doit à cette dernière la création du site The Frame Blog, dans lequel les plus grands spécialistes de la question actualisent régulièrement les réflexions, analysent des restaurations récentes ou des politiques de présentation des œuvres dans les musées.

Politiques d’encadrement

Au Louvre, comme au musée d’Orsay, les réserves regorgent de cadres vides. Si Orsay en compte quelque 700, le Louvre en possède 3 000, alors que 95 % des cadres des peintures du musée ne sont pas d’origine. Il s’agit à la fois de cadres désaffectés au fil des réencadrements ou d’objets issus de dons ou acquisitions. Dans l’immédiate après-guerre, le Louvre a eu une politique active…

Le cadre : un objet d’art à part entière
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Article issu de l'édition N°3059