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Le monde d'Ulla

Le monde d'Ulla

C'est une biographie peu commune que celle d'Ulla Rosen Winbladh Culioli. Née en 1928 à Stockholm d'une mère ukrainienne, elle participe très jeune aux grands combats de son temps : encore adolescente, elle ment sur son âge et s'engage dans la Croix-Rouge suédoise dans l'opération des « bus blancs » pour libérer des prisonnières du camp de concentration de Ravensbrück... tandis que son frère combat dans les rangs nazis. Elle sera ensuite cantinière sur des bateaux, passera des messages secrets dans des reliures de livres au temps de la dictature des colonels en Grèce, défendra les exilés chiliens sous Pinochet avec Pierre Vidal-Naquet. Parallèlement, elle commence au début des années 1960 une œuvre textile très personnelle - des tentures brodées sur toile de jute - mêlant l'actualité et les grands mythes de l'humanité dans un univers végétal et animal exubérant. Y convergent aussi les influences de Lurçat, de Picasso ou des grandes tapisseries d'histoire de Le Brun. Mariée au linguiste Antoine Culioli, fréquentant Althusser et René Zazzo, elle s'esquive des dîners intellectuels pour réaliser une cinquantaine de compositions entre 1962 et 1985. Elles auraient pu rester secrètes si la galeriste Odile Ouizeman, amie du fils de l'artiste, ne les avait admirées il y a déjà 30 ans dans une maison de famille, au fin fond de la Corse... Il aura fallu la collaboration avec la jeune foire d'art géorgienne (la Tbilisi Art Fair, qui s'est tenue la semaine dernière) pour que cet ensemble, déjà présenté en galerie à Paris en 2022, bénéficie d'une présentation muséale, au MoMA de Tbilissi. Un monde de soleils rouges, d'hommes bleus, de centaures de bronze...

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