Le Quotidien de l'Art

Le chiffre du jour

35 Les galeries de la Tbilisi Art Fair 2024

Certaines foires alignent plus de 200 stands et attirent les méga collectionneurs. D'autres sont plutôt des « boutique fairs », avec quelques dizaines de galeries, dans des lieux exotiques comme Bucarest (la RAD, créée l'an dernier, qui revient du 16 au 19 mai), Brégence en Autriche (1re édition à la fin du mois dernier, voir QDA du 21 février) ou Lima (Pinta PArC, sur le circuit depuis une décennie, cette année du 24 au 28 avril). Celle de Tbilissi, en Géorgie, peut être classée dans cette catégorie : créée en 2019, elle tient sa 4e édition du 11 au 14 avril (les crus 2020 et 2021 ayant été torpillés par le Covid-19). C'est déjà une performance que de maintenir ce rendez-vous dans un environnement aussi électrique que le Caucase, surtout en cette période troublée, lorsque les voisins s'appellent Russie, Arménie, Azerbaïdjan, Turquie et Iran... C'est aussi ce qui en fait tout le sel, permettant de découvrir des artistes des pays baltes, de Biélorussie ou d'Asie centrale (Ouzbékistan, Kirghizistan). La présence de la jeune foire a certainement contribué à hausser le niveau des galeries locales, dont plusieurs sont maintenant des habituées d'Art Basel ou de Paris Internationale (LC Queisser ou Artbeat). À Tbilissi, elles se confrontent à des enseignes d'Europe de l'Ouest, comme l'Espagnole Blanca Berlín. Le circuit VIP et le parcours satellite, inspirés du mécanisme des grandes foires, permettent de fréquenter des ateliers et de découvrir des talents oubliés, issus pour la plupart de l'ancien glacis soviétique. Ce sera le tour du peintre David Kakabadzé et d'Ulla Rosen Winbladh Culioli (1928-2011), dont les tentures brodées seront montrées au musée d'Art moderne, en collaboration avec la galerie Odile Ouizeman. « Cette année, la foire met notamment en lumière les œuvres sur textile, à travers toutes les générations, des récents diplômés de l'Université libre de Géorgie et de l'école des Beaux-Arts de Marseille aux artistes plus établis comme Mariana Chkonia », explique le directeur, Eric Schlosser. Un appel à candidatures lancé par IWPA (International Women in Photo Association) devrait faire émerger d'autres talents associés au programme communautaire « European Neighbourhood Policy ». Alors que l'Europe politique a la tentation de se détricoter en son cœur, à ses marches elle reste un mirage très désirable.

Article issu de l'édition N°2782