Vous êtes prêts ? Vous incarnez le personnage fictif de Basim Ibn Ishaq, membre de la secte des Assassins, et vous avez pour mission de combattre l’Ordre des Anciens (à l’origine des Templiers). Cette aventure vous projette dans un environnement historique : à l’époque du califat abbasside au IXe siècle, à Bagdad, dans une ville-monde alors florissante. Tel est le dispositif proposé par Assassin’s Creed Mirage, dernier opus de la populaire série de jeux vidéo en « monde ouvert » (open world), où le joueur peut explorer librement les rues de la ville dans une expérience interactive. Des objets de l’époque abbasside, ou s’en approchant, accompagnés de fiches explicatives, apparaissent au cours du jeu. Ils proviennent de plusieurs collections : Metropolitan Museum de New York, Shangri La Museum of Islamic Art, Culture & Design d'Hawaï, David Collection de Copenhague, Khalili Collections. Mais aussi de l’Institut du monde arabe (IMA) à Paris, dont divers artefacts et anciens manuscrits sont présentés in real life dans l’exposition « Bagdad : redécouvrir Madinat al-Salam avec Assassin's Creed Mirage » (jusqu’au 10 novembre), en partenariat avec Ubisoft, éditeur et développeur de jeux vidéo.
Cette collaboration n’a pas été tout de suite une évidence, même si les deux parties se sont associées dans une précédente exposition, « Cités millénaires. Voyage virtuel de Palmyre à Mossoul » en 2019, où le visiteur pouvait déambuler en réalité virtuelle à l’intérieur d’anciens monuments, pour la plupart détruits ou à l’état de ruines. Plonger dans l’univers sanglant de la franchise Assassin’s Creed « risquait encore de rapporter le monde arabe à une certaine forme de violence », confie Éric Delpont, conservateur à l’IMA et commissaire de l’exposition, qui avoue avoir été initialement mitigé à l’idée du projet. Une autre difficulté à surmonter fut la rencontre de deux cultures différentes : « Pour l’éditeur de jeu, on est dans une culture de l’image au format écran, alors que côté musée, on est dans une culture de l'objet en volume, dans un espace », explique-t-il. Cette exposition conjointe permet de faire découvrir un autre visage de Bagdad, l’ancienne Madinat al-Salam (« cité de la paix »), à « une période où islam rime avec progrès, souligne son commissaire. Et de rectifier au passage certaines perceptions et clichés sur cette partie du monde », souvent associée à une forme d’archaïsme et…