La reprise, fin mars, de la ville de Khartoum par les forces du général Al-Bourhane permet de se faire une idée des destructions et des vols survenus à l’intérieur du musée national du Soudan. Construit en 1971, ce musée, qui recensait 100 000 objets, abritait la collection la plus complète au monde d'archéologie nubienne. Il avait été abandonné, car situé dans une zone où les combats n’avaient de cesse depuis que le général Daglo, un ancien milicien recherché pour génocide et adversaire d’Al-Bourhane, s’en était emparé en 2023. Ces dernières semaines, des vidéos montrent l'intérieur des salles : la plupart ont été vidées de leurs collections, de même que des momies ont été déplacées et des objets anciens encore présents endommagés. C’est le cas des antiquités de la salle d'or, où était présentée l'une des collections muséales les plus rares de l'empire koushite (Nubie), systématiquement pillées. Les vols concernent aussi des reliques en or entreposées dans les réserves. « La tragédie est immense, a déclaré le conservateur du musée ethnographique de Khartoum. La plupart des objets rares du musée, ainsi que son or et ses pierres précieuses, ont été perdus. » Seules de grandes statues, dont une de sept tonnes du roi Taharqa, pharaon qui a régné sur l'Égypte et sur Koush de 690 à 664 av. J.-C., ont survécu. Le temple de Bouhen, dédié à Horus, semble être lui aussi en partie intact. Construit par Hatchepsout, fille de Thoutmôsis Ier (1473-1458 av. J.C.), il se trouvait autrefois dans la forteresse de Bouhen et avait été déplacé à Khartoum lors de la construction du barrage d'Assouan en 1964. Dès juin 2023, alors que la capitale soudanaise venait de tomber aux mains des paramilitaires du général Daglo, des rapports mettaient en garde contre les dommages structurels subis du fait des combats et la vulnérabilité des collections face aux pillages. Dans un récent communiqué, l'Unesco a appelé les marchands d'art à ne pas commercialiser, importer ou exporter des objets sortis clandestinement du Soudan. Une équipe d’experts s’est rendue sur place pour un premier bilan.

AFP.