On connaît le goût de Duchamp pour les farces de potache et jeux de mots révélateurs, le plus connu étant le L.H.O.O.Q. attaché à la Joconde moustachue. On en trouve d’autres dans cette exposition comme la boîte alerte pour « missives lascives » ou la proposition de jaquette de livre pour un éditeur américain (Duchamp avait dessiné une… jaquette). Mais les quelque 60 pièces rassemblées, provenant pour l’essentiel de collections suisses, ont un autre point de départ : la fidélité de l’artiste iconoclaste avec Cahiers d’Art, fondé par Christian Zervos. Si la maison est surtout célèbre pour l’interminable catalogue raisonné de Picasso, elle a aussi consisté en la revue et la galerie du même nom, où Duchamp s’est illustré à plusieurs reprises, notamment avec ses Cœurs volants sur la couverture du premier numéro de 1936. La revue a connu 97 livraisons de 1926 à 1960, avant d’être relancée grâce à son rachat en 2012 par Staffan Ahrenberg, qui s’est adjoint deux éditeurs prestigieux, Sam Keller et Hans Ulrich Obrist. Sur un rythme annuel, elle a exploré Arthur Jafa, Philippe Parreno, Miró ou Calder. Pour le centenaire en 2026, elle prépare des publications spéciales... mais on demande le numéro Duchamp !
« Duchamp » à la galerie Cahiers d’art (14 et 15, rue du Dragon, 75006 Paris), jusqu’au 18 mars.
cahiersdart.com