Le Quotidien de l'Art

Acteurs de l'art

En Allemagne, les acteurs culturels appellent à boycotter l'État

En Allemagne, les acteurs culturels appellent à boycotter l'État
Affiche de la campagne Strike Germany.
DR.

Depuis le 7 octobre et l'attaque terroriste du Hamas contre Israël, suivie du bombardement ininterrompu de la bande de Gaza par Israël, près de 40 événements ont été annulés en Allemagne. Face aux intimidations, les acteurs du secteur culturel s'organisent pour faire entendre leurs inquiétudes vis-à-vis de « politiques maccarthystes qui suppriment la liberté d'expression, en particulier de solidarité avec la Palestine », peut-on lire sur le site Strike Germany. En ligne depuis le 8 janvier, l'appel de travailleurs culturels internationaux à suspendre toute participation aux institutions, festivals, conférences et expositions en Allemagne, a rassemblé plus de 650 signataires, parmi lesquels l'écrivaine française (et prix Nobel de littérature) Annie Ernaux, les artistes Adam Broomberg, Cécile B. Evans, Falke Pisano, Hannah Black, Jumana Manna, Lawrence Abu Hamdan, Meriem Bennani, Rosalind Nashashibi ou encore Tai Shani. Les demandes formulées à l'égard de l'État allemand incluent la protection de la libre expression artistique, le combat contre le racisme structurel et contre toute forme de doctrine idéologique, ainsi qu'un recentrage du combat contre l'antisémitisme, précisant à ce titre : « Les institutions culturelles allemandes se sont appuyées sur la définition de l'antisémitisme de l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste (IHRA), largement critiquée pour l'ambiguïté de son amalgame entre la critique de l'État d'Israël et l'antisémitisme. La définition de l'IHRA devient aujourd'hui la politique officielle de l'État allemand, favorisant une fausse équivalence dangereuse qui nuit finalement à la lutte contre l'antisémitisme. Strike Germany exige que les institutions culturelles adoptent les lignes directrices plus précises rédigées en réponse à l'IHRA par la Déclaration de Jérusalem sur l'antisémitisme afin de contrer le climat répressif sanctionné par l'ambiguïté de l'IHRA et de concentrer la lutte contre l'antisémitisme ». L'appel au boycott fait suite à une nouvelle lettre ouverte, signée par 4 000 acteurs culturels de Berlin (notamment Aram Bartholl, Jesse Darling, Ahmet Öğüt, Sol Calero), publiée le 4 janvier à l'adresse du Sénat culturel de la ville conséquemment à sa décision de n'accorder des subventions qu'à celles et ceux qui s'engagent à respecter une clause contre l'antisémitisme reprenant la définition de l'IHRA. Une première manifestation a été organisée en début de semaine face au Sénat.

Affiche de la campagne Strike Germany.
Affiche de la campagne Strike Germany.
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Article issu de l'édition N°2744