Le 8 octobre au soir, au lendemain des actes de barbarie perpétrés par le Hamas, organisation terroriste islamiste qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007, contre la population israélienne, la tour Eiffel est restée dans le noir. Le lendemain, la maire de Paris Anne Hidalgo décidait de lui faire arborer les couleurs bleu et blanc de l'État juif, après la porte de Brandebourg à Berlin, et l'Empire State Building à New York. Le même jour, le musée d'Art islamique et le musée national à Doha, au Qatar – qui abrite un bureau politique du Hamas et a fourni des millions de dollars d’aides à Gaza – affichaient quant à eux le drapeau palestinien suite à la violente riposte d'Israël sur Gaza : des images relayées sur les réseaux sociaux par Sheikha Al-Mayassa, sœur de l'émir Tamim bin Hamad Al Thani et présidente des musées qataris. Tandis que les monuments culturels sont ainsi pris pour écrans de projection des soutiens étatiques, les institutions doivent gérer un contexte hautement inflammable. À Kassel, en Allemagne, les organisateurs de la documenta se sont fendus d'un communiqué estimant « intolérable et inacceptable » le fait que deux membres du collectif ruangrupa, curateur de l'édition 2022, aient liké sur Instagram la vidéo d'une manifestation berlinoise de soutien à la Palestine. « Les likes ont depuis été retirés et les personnes impliquées reconnaissent qu'il s'agit d'une erreur », précise la déclaration. À Paris, l'Institut du monde arabe (IMA), qui consacre sa saison à « Ce que la Palestine apporte au monde », a pris la décision, assumée par son président Jack Lang, de reporter à mi-novembre les événements programmés du 12 au 15 octobre « au regard des tragiques événements actuels ». Deux raisons à cela, explique Martin Garagnon à l'IMA : la logistique, « les artistes ne pouvant être là », et la décence. « Il est impossible de maintenir un événement festif comme la soirée de musique électro prévue samedi », poursuit le conseiller communication. L'exposition reste quant à elle ouverte jusqu'au 19 novembre. Étant donné le contexte explosif, l'institution a-t-elle reçu des menaces ? « Notre programmation est très souvent contestée par des minorités extrémistes, d'un côté comme de l'autre, poursuit Martin Garagnon. Si nous recevions des menaces précises, nous fermerions l'exposition par souci de sécurité. Nous ne souhaitons pas ajouter de l'huile sur le feu. » Le musée d'art et d'histoire du Judaïsme indique quant à lui que « le dispositif de sécurité, déjà élevé, n'a pas été renforcé ». Cependant lors du vernissage de l'exposition « Joann Sfar. La vie dessinée », le 11 octobre au soir, le segment de la rue du Temple où est situé le musée était exceptionnellement barré par un cordon de police.