Le Quotidien de l'Art

L'image du jour

Le monde dérangeant de Martial Raysse

Le monde dérangeant de Martial Raysse

Le combat depuis quarante ans de ce Méditerranéen droit comme un « i » ? Réinventer la grande peinture, celle « qui parle toujours des chemins de la connaissance et de l’amour universel », pour reprendre ses propres mots, prononcés, au milieu des années 1980, lors d’une conférence au Centre Pompidou. Sur les pas de Giotto, Raphaël et Ingres, mais aussi des modernes comme Picasso, De Chirico, Hopper et Freud, ce sont pour moitié des peintures et dessins, pour moitié des sculptures, certaines à l’air sévère comme ces œuvres en bronze ou en acier, d’autres résolument ludiques comme ces pièces en trois dimensions, bricolées à l’aide de plastique, de papier mâché et de coquillages. Toutes viennent de collections privées, de celles de ses galeristes Kamel Mennour et Lévy Gorvy, et de ses principaux collectionneurs, notamment de ses collectionneurs-mécènes que sont François Pinault et Marin Karmitz. Les peintures montrées à Sète conjuguent classicisme, naturalisme et un zeste d’archaïsme, voire de naïveté assumée. Admirablement mises en scène par Maud Martinot, elles datent pour la plupart des dix dernières années. Ce sont des œuvres âpres et grinçantes qui ne se regardent pas comme des images. Des peintures, entre gravité et excentricité, qu’il faut prendre le temps de mûrir intérieurement. Moine-peintre, Martial Raysse ne cherchant nullement à séduire, il faut aller de l’avant et ne pas se laisser refroidir par ses couleurs étranges, acides, excessives et dérangeantes, comme celles de ces quatre œuvres puissantes et inédites à ne pas manquer : Le lever du jour, de 2020, et La tombée de la nuit, de 2021 (220 x 303 cm) ainsi que La peur (300 x 400 cm) et La paix (300 x 500 cm). Des peintures d’histoire qui puisent du côté des grands mythes ancestraux et des archétypes pour parler du monde d’aujourd’hui.

Article issu de l'édition N°2658