« Il était une des personnes que j'aimais le plus et j'étais toujours curieux de son avis, de son regard », nous dit son ami Paul Loubet. Aimé, l'artiste Adrien Fregosi l'était. Beaucoup. Et le 8 mars, à l'annonce de son décès, à l'âge de 43 ans, par sa compagne Marine Lang, nombreux furent les messages de soutien et d'admiration qui apparurent sur Instagram. Né à Échirolles (Isère) en 1980, Adrien Fregosi était arrivé à l'art par le punk. Après des études de psychologie, il entre dans le monde du fanzine et du graffiti avec le skate. Il dessine depuis toujours, puis se met à la peinture. Autodidacte, sa « pratique était très impulsive tout en étant technique sur plein d'aspects, poursuit Paul Loubet. Il avait une très grande culture, un regard acéré, il était curieux ». Au début des années 2010, Adrien Fregosi avait monté un lieu à Grenoble, la galerie Going Blind où il montrait des artistes de la scène alternative. Il tombe malade en 2013 et se voit obligé de cesser cette activité pour se concentrer sur sa propre pratique. « Sa peinture, c'est l'expérience d'une vie marquée, je crois, par la peur de la mort. Héritées de la bande dessinée, les figures qu'il peignait peuvent sembler simples, mais elles ont quelque chose de profondément tragicomique », décrit Marine Lang. Ces dernières années, la figure du chien avait investi son répertoire. On avait pu le constater en décembre dernier à la galerie Sultana, à Paris, où ses œuvres étaient présentées aux côtés de celles de Kévin Blinderman dans l'exposition « SONO ANDATI ». « Ses références sont simplifiées à l'extrême, un choix délibéré pour accentuer la présence – notre présence – dans le monde, dit le texte de l'exposition. Dans cette simplicité, les toiles résonnent de la cadence des moments joyeux et des déceptions, de l'urgence, du courage, de la danse inexorable entre la vie et la mort. » Dans la revue The Drawer, l'artiste écrivait qu'il est « impossible de représenter ce monde », que « ce monde est un tumulte, un gribouillis ». Père d'une fille née en 2015, Adrien Fregosi était aussi lumineux que le soleil de Sète où il s'était installé avec sa famille. Cette ville, il l'aimait pour sa communauté d'artistes, sa qualité de vie et son bel atelier. Il s'y est éteint après de longues années de maladie.