Dans la jungle des biennales, qui continue de s’épaissir - il en ouvre pas moins de 6 cette semaine, à Saint-Paul-de-Vence, Pantin, Paris (sur les métiers d’art), Helsinki, Liverpool, Moss (Norvège) sans compter une triennale à Dunkerque et une quadriennale à Prague - celle de Sharjah fait désormais figure de valeur sûre. Cela tient à sa localisation – elle est la première de cette qualité au Moyen-Orient – mais aussi à ses partis pris, à sa liberté de ton et à ses choix très réussis de lieux d’exposition. Dans un exercice comparatif toujours délicat, cette grille peut être d’un bon secours…
Incontournable au Proche-Orient
Sharjah est l’un des sept émirats, occupant, avec ses 2 850 km2 et quelque 2 millions d’habitants, une position médiane entre les plus médiatiques (Abu Dhabi et Dubaï) et les moins connus (Fujairah, Ras al Khaimah, Ajman et Oum al Qaïwaïn). À sa création, en 1993, la biennale est la toute première du Golfe. Celle de Diriyah, du grand voisin saoudien, a une bonne longueur de retard, même si elle met les bouchées doubles : elle ne date que de 2021. Quant à celle d’art public à Abu Dhabi, elle ne démarrera qu’en 2024. En élargissant le périmètre, on trouve d’autres événements à l’existence courte ou irrégulière pour d’évidentes raisons géopolitiques (Qalandiya et Riwaq en Palestine, biennale du Caire, lancée en 1984 mais patinant depuis 2019) ou très récents (Larnaca à Chypre et Lahore au Pakistan, lancées en 2018). Les seules réalités solides sont aujourd’hui Istanbul (créée en 1987, 17e édition en 2022), Cochin (créée en 2011, 6e édition en 2022) et le Dhaka Art…