« Beaucoup de directeurs de lieux en ont rêvé », se félicitait en juin dernier Xavier Franceschi lors de l'inauguration de la première édition de l'accrochage au titre assez autoritaire « Sors de ta réserve ! » aux Réserves, à Romainville. « C’est la première fois, à ma connaissance, qu'un tel projet est réalisé à cette échelle », affirmait le directeur du Frac Île-de-France. Le principe de l'opération (dont la seconde occurrence s'achève ce 19 novembre, avant la prochaine prévue à partir du 7 décembre) : proposer au public de choisir une pièce parmi les 2 000 que compte la collection du Frac (soit la quasi-totalité, hormis celles qui sont en prêt ou en restauration) via un site et une application déroulant des albums thématiques. À partir des résultats, un algorithme détermine aléatoirement un certain nombre d’œuvres, exposées pour un à deux mois. Chaque utilisateur peut créer son propre album et expliquer son choix dans une sorte de « livre d’or anticipé », s'amuse Xavier Franceschi. Côté logistique, « c’est un vrai défi pour l’institution, souligne-t-il, notamment pour la régie et les responsables de la collection » qui doivent caser, comme dans le jeu Tetris, 17 œuvres (par Mathis Collins, Pauline Curnier Jardin ou Bruno Munari), sans lien les unes avec les autres. Sur le départ, après 16 ans à la direction du Frac, Xavier Franceschi signe là un projet qui lui tenait à cœur, mêlant paradoxalement l'arbitraire et l'aléatoire, une de ses marottes. En 2019, il présentait une exposition d'œuvres de la collection déterminée par l'initiale des noms des artistes (ce fut le D).
Démagogie ?
Le règne du commissaire d'exposition – et plus encore celui du curateur, figure d'autorité dans l'art contemporain depuis un demi-siècle – a-t-il assez duré ? Loin de là, si on s'en tient à l'écrasante majorité des expositions d'« auteurs ». La lassitude gagnerait-elle certains responsables d'institutions, prisonniers de l'infini cycle des…