Il y avait eu l’ère du « tout numérique » empruntant à l’univers des jeux vidéo et des technologies de pointe, de l’Atelier des Lumières en 2018 et son expérience immersive à « Imagine Van Gogh » ou « Imagine Picasso » de la société de production française lililillilil. À ces opérateurs (privés) sans collections se sont agrégé les musées publics comme la RMN-Grand Palais qui, il y a tout juste un an, inaugurait sa filiale « Grand Palais Immersif ».
Une pandémie plus tard et ses excès de distanciel, le tout numérique marque le pas au profit d’un rééquilibrage entre objet physique et expérience immersive, le « phygital ». Certes, il y eut deux essais pionniers. En 2019, le musée de la Libération de Paris fut le premier musée à proposer une visite permanente en réalité mixte, au sujet de l’insurrection de 1944 au PC de Rol-Tanguy. En 2020 au domaine de Marly, la visite en réalité virtuelle faisait glisser le visiteur aux côtés du Roi-Soleil pour assister à l’éclipse de soleil de 1715. Le rythme s’est emballé au sortir des confinements. En juin, le château du Clos-Lucé inaugurait ses salles immersives sur Léonard de Vinci. En octobre, le domaine de Chambord lançait « Chambord 360 », un voyage enivrant dans les cieux en réalité virtuelle sur les pas de Léonard de Vinci entre Rome et la Sologne.
Jusqu’au 7 août, la Cité des Sciences imagine un banquet immersif jouant sur les cinq sens. « En développant l’idée d’une exposition sur la cuisine et les neurosciences sociales, il fallait faire vivre un banquet, son émerveillement, son plaisir, et abolir pour un temps la distance réflexive de l’exposition traditionnelle », explique Michèle Antoine, directrice des expositions d’Universciences. Résultat réussi. Le temps d'une pause au cœur d'un parcours riche en informations, le visiteur attablé voyage dans l’univers poétique de la gastronomie. Sans un seul aliment devant lui, il passe des odeurs…