La résilience du Liban force l'admiration. Des guerres à répétition, des incursions étrangères (Israël ou Syrie), des tensions confessionnelles, une explosion meurtrière en août 2020, des réfugiés en surnombre (estimés à 1,5 million, soit près du tiers de la population, ce qui représenterait 20 millions de personnes en France), des pénuries, une crise politique... Et pourtant la vie continue, et l'on évoque même le projet d'une Biennale d'art contemporain en 2022 ! L'exposition de l'Institut du monde arabe, qui se déploie sur 1000 m2 dont les 350 m2 du nouvel « Espace des donateurs » (mis en scène par l'architecte libanais Carl Gerges), montre la richesse d'un art qui ne nous est connu que par quelques créateurs, dont Etel Adnan – disparue la semaine dernière – était l'incarnation la plus populaire ; mais elle a dû attendre avant cette reconnaissance ! Quelque 100 œuvres de 55 artistes différents dessinent un parcours de 1950 (au lendemain de la guerre de l'indépendance de 1943) jusqu'à nos jours, en puisant dans ce qui est devenu, renforcée par la donation Claude et France Lemand en 2018, la plus importante collection institutionnelle d'art arabe en Europe. S'y côtoient paysages dans une veine fauve, portraits, scènes de vie, maîtres de l'informel (Shafic Abboud, montré à la Biennale de Paris dès 1959) ou renouveau de la peinture figurative. Sans oublier un courant conceptuel favorisé par des événements traumatisants qui demandent une mise à distance salvatrice...
« Lumières du Liban » à l'Institut du monde arabe, jusqu'au 2 janvier 2022.
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