Le Quotidien de l'Art

Au Moyen Orient, les artistes femmes en figures de proue 

Au Moyen Orient, les artistes femmes en figures de proue 
Hiba Kallache dans son studio à San Francisco.
Photo : Muriel Rozelier.

Jusqu'au 22 septembre, la 5e édition de la Menart Fair, à Paris, est dédiée aux femmes artistes du monde arabe. Au Moyen Orient, celles-ci changent de statut, grâce notamment au travail de chercheuses, de fondations, musées ou galeries qui leur donnent la place qui leur revient dans l’histoire de l’art.

Lorsque la chercheuse Nadia Radwan demanda à la peintre et poétesse Etel Adnan (1925-2021) s’il avait été difficile d’être une peintre abstraite libanaise aux États-Unis dans les années 1960-1970, celle-ci répondit, amusée, qu’il était alors surtout plus difficile d’être une femme que d’être arabe. L’anecdote résume l’enjeu. Pour une femme, être reconnue comme artiste et se faire une place au sein des institutions culturelles posaient peu de difficultés au début du XXe siècle au Proche et au Moyen Orient. C'était en revanche moins le cas dans la société européenne, où les femmes y étaient – et restent – moins nombreuses, moins payées, moins aidées, moins programmées, moins récompensées que leurs alter ego masculins.  

« Au Moyen Orient entre 1940 et 1960, on comptait davantage d'artistes femmes que d’hommes. Nos sociétés considéraient, il est vrai, que l’art était une occupation “féminine”, réservant plutôt aux hommes le rôle de mécènes ou d’organisateurs », explique Wafa Roz, directrice de la recherche à la Dalloul Art Foundation de Beyrouth, l’une des collections privées les plus importantes de la région, dont environ 30 % des œuvres sont signées par des femmes. 

Née en 1905, l’Égyptienne Effat Naghi a ainsi mené sans contrainte familiale une carrière de peintre quand son frère, Mohamed, artiste lui aussi, a dû prendre un poste au sein de la haute fonction publique pour satisfaire ses parents. « À la fin de sa vie, il a confié à des journalistes son admiration pour sa sœur. Elle avait été au-delà de ce qui lui était possible : lui n’avait jamais atteint sa liberté de pensée », reprend Wafa Roz. 

En réalité, le plafond de verre se situe ailleurs, dans l’absence de reconnaissance de la contribution artistique des femmes. Localement d’abord. « Pour les pionnières de la modernité comme la Palestinienne Sophie Halaby (1905-1998), la pratique artistique était d’abord un passe-temps. Souvent issues de la grande bourgeoisie, ces femmes ne cherchaient pas à en vivre. Et ce d’autant que les amateurs restaient en nombre restreint,…

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Article issu de l'édition N°2895