À l'aune de ces Triennales – et du festival d’art et de poésie de Watou, près de Poperinge (du 3 juillet au 5 septembre derniers, avec 30 artistes dont Tracey Emin, Mark Manders, Neo Matloga, Esther Kläs & Gustavo Gomes) – la Flandre investit dans des événements d’art contemporain à la fois pointus et populaires, concentrés sur une même période. Une façon de mutualiser les ressources, de porter un coup de projecteur sur l’ensemble de la région, aisément accessible en train depuis Lille et Bruxelles, et de favoriser une fréquentation essentielle à la vie économique, la baisse drastique du tourisme ayant mis en péril nombre d’établissements dans l'hôtellerie, la restauration et le commerce.
Bruges : de l’autre côté du miroir
Si elle s’inscrit dans la lointaine chronologie d’une première Triennale en 1968 (puis 1971 et 1974), consacrée alors à des artistes belges, l’actuelle version de la Triennale de Bruges – ravivée en 2015 par volonté politique – déploie une optique fort éloignée. La première « nouvelle » édition, confiée il y a six ans à Till-Holger Borchert et Michel Dewilde, a inscrit l’art contemporain d’une manière nouvelle et inattendue dans cette ville-musée. Basée sur une sélection d’artistes et d’architectes internationaux, la proposition du duo rencontra un vif succès auprès du public de passage (Bruges reçoit 5 millions de visiteurs par an) mais aussi national et local : les habitants, notamment les plus jeunes, ayant dès lors appréhendé leur ville sous un angle singulier et stimulant. On se souvient de l’espace lounge flottant d’Atelier Bow-Wow, de la plateforme colorée posée sur l’eau par SelgasCano ou encore de l’espace participatif de construction, par les architectes de Raumlabo.
Directeu…