Sous les grandes arches gothiques de l’église de l’ancien hôpital Saint-Jean de Bruges, un face-à-face inattendu se joue entre deux œuvres que six siècles séparent. Couché sur le ventre à la façon d’un gisant inversé, le corps d’un ange, dont on distingue les ailes sous une épaisse peau hybride, entre le loup et l'oiseau, repose sur un piédestal aux allures de tombeau antique. Puissant hommage aux soignants mobilisés lors de la pandémie du Covid-19, la sculpture Liggende-Arcangelo II (2023) de l’artiste belge Berlinde de Bruyckere est installée à quelques mètres de La Châsse de Sainte-Ursule (1489), chef d'œuvre de l’Allemand Hans Memling (1430-1494) commandé par les religieux qui prodiguaient autrefois remèdes et litanies aux Brugeois et visiteurs de passage. Vénérée par ceux qui désiraient une mort douce, Sainte-Ursule est l’une des patronnes de l’établissement, érigé en 1150 et devenu musée municipal en 1958. « Nous avons acquis cette sculpture de Berlinde de Bruyckere, l'une des artistes les plus importantes de notre pays [elle a représenté la Belgique à la Biennale de Venise en 2013, ndlr] spécifiquement pour notre nouveau parcours, détaille Sibylla Goegebuer, commissaire des expositions au musée de l’hôpital Saint-Jean. Faire coexister dans le même espace un monument mémoriel contemporain avec l’un des trésors emblématiques du musée reflète notre nouvelle identité : faire revivre notre patrimoine ancien grâce à la présence d’artistes d’aujourd’hui, qui questionnent de différentes manières la thématique du soin ».
L’hôpital Saint-Jean, coeur battant de Bruges
Longtemps surnommé le « musée Memling », en raison des sept œuvres du maître de la renaissance flamande comprises dans sa collection (constituée entre les années 1480 et 2020), le musée de l’ancien hôpital Saint-Jean a fermé au…