Depuis une semaine, musées et centres d’art réclament à corps et à cris une ouverture graduée, même temporaire « pour une heure, pour un jour, pour une semaine ou pour un mois », comme le supplie la pétition lancée le 2 février par le Palais de Tokyo. Plusieurs institutions, qui devaient ouvrir en début d’année, se désespèrent de voir le calendrier de leurs inaugurations sans cesse repoussé. Tour d’horizon de quelques établissements qui après des chantiers chahutés par le Covid-19 n’attendent qu’une chose : (re)trouver leur public.
À la Bourse de Commerce, tout est fin prêt
Voilà des mois que François Pinault ronge son frein. Des mois qu’il se rend quotidiennement à la Bourse de Commerce, pour suivre le chantier – d'un coût de 160 millions d’euros – comme le montage des œuvres qu’il a lui-même sélectionnées. Trois fois déjà, l’inauguration a été repoussée. Directeur de la Collection Pinault, Jean-Jacques Aillagon l’admet, « nous sommes l’arme au pied et c’est frustrant ». Car tout est fin prêt. Les deux exigences de la rénovation menée par Tadao Andō – respecter le bâtiment et lui permettre de remplir ses nouvelles fonctions – sont parfaitement remplies. L’architecte nippon s’est appuyé sur la configuration du bâtiment de 1889, lorsque l’ancienne halle de grain a ouvert pour l’Exposition universelle. Pour retrouver les volumes d’origine, il a supprimé les entresolages accumulés au siècle dernier et ouvert les dégagements des fenêtres qui avaient été occultées. Les contrôles climatiques ont été installés, œuvres et cartels accrochés, les médiateurs ont été recrutés et formés. « Dès que l’État nous donnera le feu vert, indique Martin Béthenod, directeur de la Bourse de commerce, il nous faudra deux semaines pour ouvrir afin d’appliquer les protocoles sanitaires. » Quinze jours nécessaires pour enclencher la billetterie en ligne, rapatrier les agents de sécurité, relancer la communication. « On a tous changé nos fusils d’épaule, poursuit le directeur de la Bourse de Commerce. Avant, on avait une stratégie d’ouverture qui tenait compte du calendrier des vacances scolaires, des grands rendez-vous internationaux, des festivals... Là, si on nous donne une date d’ouverture possible en plein pendant les vacances scolaires, on le fera ! » Les équipes profitent d’ailleurs de cette période de latence pour peaufiner les cartels, tester d’autres modes de présentation, améliorer les textes de médiation. « On a repris le catalogue en intégrant des vues in situ pour que ce livre soit le témoignage de cette première installation », précise Jean-Jacques Aillagon. Sans doute faudra-t-il aussi décaler les expositions suivantes, chaque nouveau report rabattant les jeux…
La fondation Pernod-Ricard dans les starting-blocks
À Paris, la fondation Pernod-Ricard (ex-Ricard tout court) est déjà installée depuis juin dernier cours Paul-Ricard – nouvelle voie accolée à la gare Saint-Lazare et baptisée du nom…