Le Quotidien de l'Art

Moyen Âge : le revival d'un imaginaire

Moyen Âge : le revival d'un imaginaire
L’exposition « Aubusson tisse Tolkien » au Collège des Bernardins à Paris de mars à mai 2025.
© Voyez-Vous - Laetitia d'Aboville.

Lointain dans le temps, le Moyen Âge semble n’avoir jamais été aussi proche, dans son imaginaire plus que dans sa réalité historique. Tandis que l’art contemporain puise dans ses techniques préindustrielles, sagas, séries et jeux d’heroic fantasy popularisent une imagerie médiévaliste, reliée par ses thématiques à des enjeux contemporains.

Les exemples ne manquent pas : des séries et jeux vidéo à succès mondial (Game of Thrones, World of Warcraft, Zelda...) aux romans épiques écoulés par millions (Le Seigneur des anneaux, Hunger Games...), les univers fictifs empruntant à l’imagerie médiévale ont la cote. Une influence qui s’étend non seulement à la pop culture, mais aussi à l’art contemporain. Après Ana Maria Pacheco, Laurent Grasso, Julien des Monstiers, une jeune génération d’artistes – Héloïse Farago et ses faïences d’amour courtois féministe, Alison Flora et ses dessins au sang sur papier, Jacopo Belloni et ses figures mi-humain mi-feuillage... – se fait le relais d’un imaginaire revisité et d’une imagerie réinventée à l’aune du nouveau millénaire.

« Lors de la première édition de “Crush” (programme de visites d’ateliers d’étudiants des Beaux-Arts de Paris par des professionnels, ndlr), en 2020, la récurrence de motifs médiévaux m’a frappée – volutes, griffes, serres, bêtes, formes végétales –, mais aussi de matériaux et techniques comme l’enluminure, la gravure, le moulage... », se souvient Céline Poulin. Cinq ans plus tard, le constat de la directrice du FRAC Île-de-France prend la forme d’une double exposition, intitulée « Berserk et Pyrrhia » (jusqu’au 20 juillet), en référence aux sagas littéraires des Royaumes de feu de Tui T. Sutherland (27 millions de copies vendues) et de Berserk, série de mangas de Kentarō Miura (60 millions de copies). Elle rassemble 40 jeunes artistes, qui font le grand écart avec un millénaire d’histoire.

Alors que les notions contemporaines d’anthropocène, de crise écologique et de crise démocratique font l’actualité, historiennes et historiens de l’art ne s’étonnent pas que la conscience et l’inconscient collectifs « recherchent une influence préindustrielle. Le Moyen Âge est la dernière époque historique avant la consécration de la rationalité moderne et de la séparation binaire entre l’humain et le divin, l’humain et l’animal, l’humain et le végétal... », explique Céline Poulin. Si la période est marquée par les croyances et superstitions, elle offre néanmoins « une autre façon de penser le monde. L’hybridation propre au Moyen Âge, où tout est dans tout, où science et mysticisme, imagination et réalité se confondent, offre une libération et une ouverture d’esprit ». Et par là-même, une porte de sortie à…

Moyen Âge : le <em>revival</em> d'un imaginaire
Moyen Âge : le <em>revival</em> d'un imaginaire

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Article issu de l'édition N°3055