L’exposition « Possédé.e.s » examine l’occulte comme mode de transgression artistique à même de permettre aux corps et aux esprits en « déviance », comme l’indique le sous-titre, de résister aux formes de domination. Dans une forêt de symboles tout en clair-obscur et ondes sonores se côtoient les générations, des photomontages transgenres du surréaliste Pierre Molinier aux performances mystiques de la jeune Chloé Viton (27 ans). Parmi eux, les figures timides de Sedrick Chisom émergent d’un noir laqueux. Le jeune artiste africain-américain, né à Philadelphie en 1989, illustre cette nouvelle génération qui se réapproprie la peinture et son iconographie – et ainsi le droit à disposer de sa propre image. Ici celle de Narcisse, le double, le trouble, pour laquelle Sedrick Chisom reprend le modèle de la célèbre toile de Caravage. Le titre de l’œuvre (Fragile Narcissus’ Expulsion and Regurgitation of White Bile Into an Echo of His Belated Self) évoque un être malade de lui-même, vomissant le dégoût – de soi ou de l’autre ? Sedrick Chisom dénonce explicitement dans ses œuvres la suprématie blanche et la négation des corps noirs, zombies mélancoliques errant dans la nuit de l’histoire. Au-delà de cette interprétation, l’œuvre irradiant en taches phosphorescentes prend des reflets symbolistes, écho aux tourments spirituels des Marquisiennes de Gauguin ou aux ectoplasmes éclatants de la photographie occulte.
« Possédé.e.s – Déviance, performance, résistance », jusqu’au 3 janvier 2021 au MO.CO Panacée, Montpellier
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