Le 7 juin dernier, le déboulonnage de la statue du négrier Edward Colston (qui après avoir été jetée dans le port devrait rejoindre le musée local) avait laissé un socle vide. Dans la matinée du 15 juillet, Marc Quinn a fait installer à sa place, sans autorisation, une sculpture en résine représentant une femme noire, Jen Reid, activiste du mouvement Black Lives Matter qui était montée sur le socle après le déboulonnage. Dans un communiqué, l'artiste britannique, qui s'est inspiré d'une photographie de cet instant très partagé sur les réseaux sociaux, affirmait que « c'est une image puissante d'un moment qui devait être matérialisé, pour toujours ». Or l'œuvre intitulée A Surge of Power (Jen Reid) ne fait pas l'unanimité. Sur Instagram, l'artiste britannique Larry Seinti Achiampong a ainsi dénoncé le fait qu'un artiste blanc s'accapare cet espace : « À qui donne-t-on cette opportunité ? Pourquoi ne pas soutenir de jeunes artistes noirs pour placer quelque chose là-haut ? Parfois le mieux à faire quand on fait partie du problème, c'est de se mettre en retrait. » Pour le sculpteur Hew Locke, ce geste est « arrogant », tandis que l'artiste Thomas J. Price y voit « un autre exemple du privilège blanc » et une sorte de « statue votive de l'appropriation ». Jeudi matin, la sculpture a été retirée par les autorités locales, le maire de Bristol Marvin Rees déclarant que « l'avenir du socle et ce qui y est installé doivent être décidés par les habitants de Bristol ». Marc Quinn a quant à lui fait savoir que si l'œuvre était vendue, les profits iraient à deux associations dédiées à l'histoire des Noir.e.s en Grande-Bretagne.