Le Quotidien de l'Art

Sociétés de production : la vogue des expositions clé en main

Sociétés de production : la vogue des expositions clé en main
Vue de la Pinacoteca Tosio Martinengo à Brescia.
Courtesy Fondazione Brescia Musei.

En France, la crise sanitaire et deux mois de confinement pourraient avoir raison des expositions blockbuster produites par des sociétés privées, dont le modèle est né en Italie. Tour d'horizon des enjeux, entre rentabilisation et velleité de gestion à long terme. 

Toutânkhamon, Raphaël, Picasso... La crise va-t-elle rebattre les cartes pour les grandes expositions montées par des sociétés privées ? Le phénomène a débuté en Italie. Pour beaucoup simples éditeurs, les producteurs culturels y sont devenus en 20 ans des usines à événements, qu’ils projettent, produisent et gèrent, des prêts au commissariat, en passant par le transport, l’assurance, la presse ou les produits dérivés. On ne compte plus les musées transalpins ayant recours aux sociétés productrices d’exposition comme Silvana édition, Sole 24 Ore, MondoMostre de Skira, Linea d’Ombra ou Arthemisia… Plus qu’une prestation ponctuelle, le modèle est celui de la concession de services par lequel les sociétés gèrent les tâches commerciales du musée (billetterie, marketing, visites pédagogiques…). À Brescia, les musées étaient mis à disposition de Linea d’Ombra pour l’organisation d’expositions blockbuster contre une commission d'un euro par billet (12 euros plein tarif). Depuis 20 ans, Coopculture et sa centaine de millions d’euros de chiffre d’affaires gère le Colisée, y compris sa programmation. « Ce modèle est dangereux car il ne se base que sur la recherche de rentabilité, condamne tout de go Antonio Scuderi, fondateur de l’agence italienne Capitale Cultura, et ancien PDG de 24 Ore Cultura, la plus grande agence de production d’exposition en Italie. Avec des coûts toujours plus bas, la qualité des expositions et de l’innovation en pâtit. La France est encore épargnée car les équipes scientifiques sont puissantes et respectées. En Italie, le financement de la culture a été tellement raboté que les conservateurs n’ont plus autorité, laissant le champ libre au concessionnaire de gérer aussi la programmation scientifique. »

Le même phénomène se retrouve au Japon, mais aussi en Belgique, où l’agence Tempora, spécialisée depuis sa création en 1998 dans les expositions historiques, tisse sa toile en Europe, avec la France en ligne de mire. « Nous sommes de plus en plus sollicités par ces producteurs », constate Christophe Leribault,…

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Article issu de l'édition N°1972