Camarades de master en propriété intellectuelle dont ils sont sorti.e.s diplômé.e.s en 2015, Lucie Tréguier et Corentin Schimel viennent de fonder Le Barreau des Arts, une association loi 1901 réunissant des avocat.e.s bénévoles qui proposent gratuitement des conseils juridiques aux artistes-auteurs précaires. Pour être éligibles à cette aide gratuite, ceux-ci ne doivent pas avoir des revenus dépassant l'aide juridictionnelle. « C'est la population des artistes précaires que nous visons avec notre association, expliquent les fondateurs. Nous ne voulons pas qu'un ou une artiste laisse tomber ses droits d'auteurs par manque de conseils ou moyens. Nous souhaitons les aider à s'en occuper pour leur laisser ensuite l'espace de faire ce qu'ils font le mieux : créer. » Après trois années passées en Australie où elle s'était investie dans une association similaire, Lucie Tréguier l'a constaté : « Le pro bono est très développé en Australie ou aux États-Unis mais moins en France. Lorsque je suis rentrée à Paris, nous avons pris la décision avec Corentin de fonder Le Barreau des Arts pour donner un nouvel élan à notre métier et réaffirmer la dimension sociale de cette profession. » Ancien avocat, Corentin Schimel a laissé la robe de côté afin de se consacrer à une carrière artistique. De ses années passées auprès d'artistes, il retient « le manque de connaissance à la fois de leurs droits et des juridictions propres au secteur culturel ». Après plusieurs mois de test, Lucie Tréguier, Corentin Schimel et les deux autres membres du bureau, l'artiste Camille Sauer et l'avocat Hugo Hayoun, ont lancé le projet. « Nous avons reçu une bonne vingtaine de demandes de conseils depuis le lancement le 8 juin, poursuivent-ils. Tout va très vite et nous devons continuer d'élargir notre réseau d'avocats et d'étudiants : cela fonctionne avec le bouche-à-oreille, les partenariats avec les masters spécialisés pour les étudiants, et à l'aide de la branche solidarité du barreau de Paris avec laquelle nous organisons la transmission des dossiers aux avocats bénévoles ». La période du confinement et l'annulation des expositions, concerts ou événements laissent l'équipe du Barreau des Arts penser que leur « initiative tombe au bon moment ». Un grand nombre d'artistes sont en effet confrontés à des problèmes juridiques en lien avec la crise sanitaire.