Pour adoucir le réel, un peu de fantaisie ! Trois jeunes artistes explorent les confins de la nature, humaine ou sauvage, en adoptant une perspective volontairement décalée.
Manon Recordon (Montrouge 2010)
Écouter les pierres
Installée à Florence, Manon Recordon part régulièrement arpenter l’île volcanique de Stromboli. Les éruptions de l’été 2019 ont ravivé l’effroi mais aussi le désir de revenir sur « l’île maudite », à l’image de l’attachement inexplicable de ses habitants, suspendus au sommeil instable de la terre. Ils y tutoient le volcan en l’appelant Iddu (« lui » en sicilien), qui devient aussi le personnage principal de l’exposition de Manon Recordon dans l’artist-run-space Les Limbes à Saint-Étienne. Plutôt qu’un monde antrophocentré, sur ses photos, les rochers ont des échanges érotiques (empruntés à un photo-roman) et les femmes semblent avoir des capacités extra-sensorielles : une funambule aux yeux bandés marche pieds nus sur des orties, tandis que Princesse Europe nous accueille avec un regard rouge démoniaque. « Je voulais comprendre comment ce personnage de la mythologie grecque, né au Liban et violé par Zeus, devient le nom d’un continent », évoque l’artiste. Assis sur le paysage…