Beaucoup de candidats, mais peu d'élus. Pour son cru 2024, le Salon de Montrouge a reçu plus de 2 400 dossiers, pour n'en retenir que 40. L'édition 2023, portée par Guillaume Désanges et Coline Davenne (respectivement président et conseillère artistique au Palais de Tokyo), présentait 36 artistes émergents, découverts par plus de 13 000 visiteurs. Après deux éditions appréciées, le duo confie les rênes à Andrea Ponsini, responsable des expositions et des arts plastiques à la direction culturelle de la Ville de Montrouge. Après la collaboration avec des curateurs indépendants (Stéphane Corréard de 2009 à 2015, Ami Barak et Marie Gautier de 2016 à 2021), la mairie, qui organise et finance l'événement, change donc de stratégie curatoriale. Une décision qui ne fait pas tout à fait l'unanimité auprès des anciens : dans un post X de mars, Stéphane Corréard, qui a collaboré avec Andrea Ponsini lors de ses années de direction artistique, regrette ce choix « municipal », estimant qu'il était « indispensable que le commissariat soit assuré par une ou des personnalités capables de résister à des demandes, voire des pressions, qui ne sont nullement de nature à en renforcer les missions artistiques, pourtant capitales ». Le communiqué de presse annonçant les artistes promet de son côté de conserver les valeurs de défrichage et d'ouverture qui ont fait la réputation de l'événement. L'arrivée d'Andrea Ponsini n'est d'ailleurs pas le seul changement, puisque le comité curatorial a aussi été renouvelé. Il rassemble cinq curateurs et critiques d'art (Anya Harrison, commissaire au MO.CO. de Montpellier, Matthieu Lelièvre, conseiller artistique du musée d'Art contemporain de Lyon, Léa Bismuth, Chris Cyrille-Isaac, Licia Demuro, Sophie Lapalu), un collectionneur (le juriste Frédéric Lorin) et Henri van Melle, directeur du fonds de dotation Fabrice Hyber et président des Jardiniers, tiers-lieu artistique à Montrouge. Les artistes de l'édition 2024 viennent de dix pays (Belgique, Chine, Corée du Sud, France, Japon, Madagascar, Panama, Salvador, Suisse, Vietnam) et sont pour certains tout juste sortis d'écoles, à l'instar de Carla Gueye, dont les sculptures ensablées ont été vues cet hiver à « 100 % L'Expo » à La Villette, ou Sehyoung Lee, dont la performance faisait partie de « Lignes de désir », exposition annuelle des jeunes diplômés des Beaux-Arts de Paris.
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