La semaine dernière, La Coupure (tract anonyme qui dénonce les abus dans le milieu de l’art) publiait un entrefilet affirmant que « le conseil d’administration semble bien indifférent à la lettre collective que lui ont adressée d’anciens employés de Bétonsalon pour dénoncer le harcèlement moral pratiqué par la directrice Mélanie Bouteloup ». Selon nos informations, la co-fondatrice et directrice de Bétonsalon-Villa Vassilieff fait en effet l’objet, depuis plusieurs années, d’accusations de harcèlement managérial (qui restent confidentielles) de la part d'ancien.ne.s salarié.e.s. Ils et elles ont alerté à diverses reprises le conseil d’administration, présidé par Bernard Blistène, tandis que les départs prématurés (congés maladies pour burn out, non-reconduction de CDD ou ruptures conventionnelles) se sont répété. En septembre 2017, les salarié.e.s prétextèrent d’une grève interprofessionnelle pour adresser à la directrice leurs revendications, qui furent affichées à la Villa Vassilieff. En 2018, le CA a fait part à la directrice de signalements de dysfonctionnements transmis par les salarié.e.s : une « coach en management » fut alors recrutée par le centre d’art pour former Mélanie Bouteloup. En mars dernier, une lettre collective anonyme a été envoyée au CA, ainsi qu’aux tutelles de Bétonsalon (Ville de Paris, Région Île-de-France, DRAC Île-de-France, ministère de la Culture). Le CA a sollicité alors un audit à vocation interne : une trentaine d’employé.e.s ancien.ne.s et actuel.le.s ont été auditionné.e.s pendant l’été. Le rapport préconise la mise en place de mesures pour améliorer les méthodes de direction de Mélanie Bouteloup – la personne qui a mené l’audit est aujourd’hui chargée de sa formation. « On ne peut pas entendre ça sans rien faire », nous confie Colette Barbier, membre du CA et directrice de la Fondation Ricard, qui affirme que « l’équipe en place a été entendue ». Un membre du personnel assiste désormais aux réunions du CA. Interrogée, Mélanie Bouteloup déclare que « le CA a pris le sujet très au sérieux. Nous avons eu de nombreuses réunions. Suite à l’audit, une feuille de route m’a été donnée, et une grande réflexion a été menée. Je me rends compte de la gravité des accusations, et il est important d’éviter de nouveaux ressentis de ce type. Il y a toujours des erreurs dans une structure… » Mélanie Bouteloup se dit « vigilante ». D’après plusieurs salarié.e.s en poste ou parti.e.s tout récemment, les conditions de travail ne se sont pas améliorées.