Si la censure s'attaque de plein fouet au cinéma – à tel point qu'une dizaine de cinéastes avait publié en septembre 2018 sur le site du journal indépendant El Watan une déclaration dénonçant « la fragilisation et l’assèchement de la création et de la production cinématographique algérienne » –, les arts platiques semblent sortis de ses radars. « L'État ne sait même pas ce que c'est ! », s'emporte ironiquement l'artiste Kamel Yahiaoui. Il faut dire qu'il y a tellement peu de lieux d'exposition que même si le discours d'un artiste est subversif, il ne touchera qu'une frange marginale des 42 millions d'Algériens. Pas de quoi inquiéter. D'où certainement la grande liberté de propos de Sadek Rahim dans « Gravity 3 », qui a été verni le 6 juillet au musée d'art moderne d'Oran (MAMO). Cet espace d'exposition sans collections permantentes installé dans les galeries algériennes (créées en 1922 sur le modèle des grands magasins haussmaniens) a été inauguré seulement en 2017.
L'art résiste-t-il à la censure en Algérie ?
Un vent de liberté souffle sur l'Algérie depuis le 22 février, début des marches pacifiques du vendredi. Face aux réflexes autoritaires du pouvoir, les arts plastiques restent épargnés comme l'atteste la dernière exposition de Sadek Rahim au musée d'art moderne d'Oran.