En 2011, Maurizio Cattelan avait juré que c’en était fini de sa carrière. Pour clôturer sa vie artistique, il avait accroché l’ensemble de sa production dans l’atrium du Guggenheim, façon salami. « Voilà ce que je laisse, débrouillez-vous avec, il y a du bon, du moins bon. » L’ancien enfant pauvre de Padoue pouvait se permettre une retraite anticipée, il était à l’abri du besoin. Et puis il l’a clamé à qui voulait l’entendre : « Artiste, ce n’est pas un métier. » Il se voyait bien alors devenir curateur, pourquoi pas ouvrir une galerie. Vivre, tout simplement. « Je pense que la pression du marché et l’attente énorme à chaque nouvelle œuvre étaient trop fortes, explique Catherine Grenier, qui l’avait longuement interrogé pour les besoins d’un livre. Il n’avait prévenu que très peu de gens de sa décision, mais il faisait de moins en moins d’œuvres. » Quand on est aussi facétieux et sollicité que Cattelan l’est, difficile de se replier dans sa tour d’ivoire. « Il ne se fermait pas complètement la porte : il parlait de sa retraite comme d’une “bonne résolution“, du genre de celles qu’on prend pour la nouvelle année », glisse Catherine Grenier. Des bonnes résolutions qu’on ne tient habituellement pas très longtemps donc. En 2016, voilà que Maurizio Cattelan rompait sa diète artistico-médiatique avec America, des latrines en or massif installées au Guggenheim.
Artiste, on l’est jusqu’au bout. Question de vocation. Voyez Pierre Soulages, à 100 ans il est toujours fidèle à son outre-noir. Avant sa mort en 2016, le génial François Morellet ne chômait pas non plus. « La retraite ?, frissonne l’artiste italien Francesco Vezzoli, 48 ans, à l’évocation de ce (gros) mot. Non, surtout pas. Je suis…