L’invitation est originale : investir, dans un immeuble haussmannien proche de la place de la Nation, à Paris, un salon attenant au cabinet d’une psychanalyste. Annabelle Ponroy, qui se dit elle-même novice en art contemporain, souhaite initier là une réflexion sur la trace, la mémoire : « N’est-ce pas à partir d’un espace laissé vide que quelque chose se crée ? », s’interroge-t-elle. Le lieu d’exposition (qui n’est pas conçu comme une salle d’attente pour les patients) se fait ainsi prolongement du lieu de la parole qu’est son cabinet. Le soin de l’invitation a été confié à la curatrice Alexandra Fau, qui a choisi pour cette première édition (avant une seconde au printemps) de convier Laëtitia Badaut Haussmann. L’exposition intitulée « SAS VILLA PSY 2 » approfondit sur le mode onirique les obsessions de l’artiste : le rapport du corps à l’architecture et du collectif à l’intime, le design comme vecteur social, les souvenirs du Japon et de Charlotte Perriand. Rideau de soie, plateforme surélevée, verres renversés, « coussins d’amour » échoués et photographies d’espaces vides forment avec une grande économie de moyens une véritable scénographie, comme le reflet d’un inconscient.