Ses mots ont fait l’effet d’une bombe. « Je veux que d’ici cinq ans les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique », déclarait le Président de la République française, lors d’un discours que l’on qualifie déjà d’historique, à Ouagadougou (Burkina Faso), le 28 novembre 2017. Effet de manche ? Non. En mars, il ordonnait une mission destinée à formuler des propositions concrètes d’ici novembre, avec à sa tête Bénédicte Savoy, historienne de l’art, et Felwine Sarr, écrivain et économiste sénégalais. Le revirement de la France est soudain. Il y a encore un an et demi, le Quai d’Orsay répondait à la demande du Bénin de se voir restituer les trésors d’Abomey, pillés en 1894 et exposés au musée du quai Branly, par cette phrase qui confine au niveau zéro de la diplomatie et du dialogue : « Les biens que vous évoquez ont été intégrés de longue date au domaine public mobilier de l’État français. Conformément à la législation en vigueur, (…) leur restitution n’est pas possible ». Il faudra donc plus que de la pédagogie pour lever le scepticisme des acteurs africains, dont bien peu ont tendu l’oreille à ces déclarations. « Certains États ont encore des efforts à faire pour comprendre l’importance de ces demandes, reconnaît Samuel Sidibé, ancien directeur du musée national du Mali de Bamako. Nos hommes d’État doivent comprendre que la culture est essentielle pour permettre aux Africains de contempler leur histoire, devenir des citoyens et asseoir une nation africaine. La restitution nous intéresse, non parce qu’on veut récupérer toutes les œuvres, mais parce que les…
Restitutions : vers des musées français en Afrique ?
Après le Louvre-Abu Dhabi, le Centre Pompidou-Shanghai, verra-t-on un Quai Branly-Dakar ou Cotonou ? Si rien n’est encore décidé, l’idée fait son chemin suite aux déclarations d’Emmanuel Macron qui souhaite voir le patrimoine africain conservé dans les institutions hexagonales revenir sur son continent d’origine. Vision décomplexée des relations franco-africaines ou stratégie de conquête à long terme ?