Quelle serait la silhouette de la cathédrale de Reims bombardée en 1914 sans le million de dollars versé en 1924 par John D. Rockefeller ? Un siècle plus tard, en 2016, un autre magnat américain, Stephen Schwarzman, a offert 3,5 millions de dollars (2,8 millions d’euros) pour la restauration des jardins à la française du château de Chambord. Les caisses de l’état étant vides, la France lorgne toujours plus vers les deniers étrangers pour faire vivre son patrimoine. « Si la majorité de notre mécénat est française, nous avons de plus en plus de dons en provenance de l’étranger, constate Franz-Arthur MacElhone, chargé de mission de la Fondation Cannes, lancée par la municipalité azuréenne. La machine est en route. » Et le moteur tourne à plein régime dans nombre d’institutions. Depuis 2004, les American Friends of the Louvre ont reversé au musée plus de 18 millions d’euros, à quoi s’ajoute depuis 2008 la manne du Cercle international, dont le ticket d’entrée se situe à 20 000 euros. La stratégie d’internationalisation des dons occupe le Centre Pompidou depuis son origine. Outre la Centre Pompidou Foundation, créée dès 1977, l’établissement a lancé voilà quatre ans un Cercle international sous l’impulsion de Jacques Boissonnas, alors président des Amis du Musée national d’art moderne (MNAM). « Le musée a une résonance très forte à l’étranger, beaucoup admirent la collection et l’équipe de conservation », indique Léopold Meyer, actuel président des Amis. Aujourd’hui, ce groupe de 70 membres lève annuellement 850 000 euros. Mieux, en deux ans, ces montants ont grimpé de 40 %. « Environ 80 à 90 % des membres du Cercle international sont amis de membres existants. Il y a un effet de recommandation et un sentiment de communauté », indique Nicolas Gausserand, responsable des relations internationales au sein des Amis du MNAM. Prenons le cas de Beatriz Yunes Guarita, invitée à faire partie du cercle par l’ancien président des Amis, Didier Grumbach. Cette pétulante collectionneuse brésilienne, qui a depuis vingt-cinq ans un pied-à-terre à Paris, a fait toute sa formation en histoire de l’art en France. Et même si son pays regarde plus naturellement vers l’Oncle Sam, elle dit avoir son « cœur en France ». Pour elle « faire partie de la famille Pompidou est un plaisir et…
Le mécénat étranger, une manne pour les musées français
Attirer les mécènes étrangers : telle est désormais la mission des musées français en quête d’argent. Etat des lieux des stratégies.