Le mois prochain, la Royal Academy célébrera ses 250 ans avec des travaux d’un montant de 56 millions de livres sterling (63 millions d’euros) pour relier ses deux bâtiments du quartier de Mayfair à Londres. Typiquement british, la Royal Academy est l’une des institutions les plus excentriques du pays. Elle est gérée par 80 artistes et architectes, allant des mondialement célèbres Gilbert & George, à la home made Dame Elizabeth Blackadder. Cependant, un tiers du financement des travaux provient de donateurs individuels basés aux États-Unis. Il y a deux ans, pour redorer son blason de défenseur du Brexit, la Première Ministre Theresa May a déclaré : « Si vous pensez être un citoyen du monde, vous êtes en réalité un citoyen de nulle part ; vous ne comprenez pas le sens du mot citoyenneté. » Mais le fait est que les principaux musées britanniques sont de plus en plus dépendants de ces « citoyens de nulle part ». Un rapport intitulé L’Investissement privé dans la culture, publié par l’Arts Council England à la fin de l’année 2016, a souligné que plus de la moitié des quelque 480 millions de livres (550 millions d’euros) récoltés par les organisations artistiques en 2014-2015 provenaient du mécénat. Et les institutions ont de plus en plus besoin de cet argent. Selon l’association à but non lucratif de collecte de fonds Art Fund, les dépenses publiques à destination des musées en Angleterre ont chuté de 13 % en moins de dix ans. Depuis la crise de 2008, le mécénat d’entreprise, source traditionnelle de financement d’expositions, a également dégringolé. Le soutien d’une exposition de premier plan se négocie toujours aux alentours de 500 000 livres (578 000 euros), comme il y a une décennie, mais les coûts ont augmenté. Une exposition qui fait la part belle aux prêts internationaux peut coûter plus de 3 millions de livres (3,5 millions d’euros) et le mécénat n’a pas suivi la cadence.
La Tate, machine de guerre
Quand il s’agit de récolter des fonds, la Tate est reconnue pour sa force de frappe. Dans les années 1990, le musée était financé à hauteur de 80 % par l’état. L’année dernière, sur un budget opérationnel de 162 millions de livres (187 millions d’euros),…